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Le site des
Compagnons de Saint-Jean
Faut "se désen'neuyer" (Goulebenéze)
Evariste
Poitevin,
dit "Goulebenéze" :
Poème
- biographie - patois
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Saintonge
Au vent des souvenirs, ce soir j'ai fait un rêve
Et j'ai vu refleurir sortant d'un vieux coffret
En une heure charmante autant qu'elle fut brève
Le rappel d'un passé que mon pays m'offrait.
Et j'ai vu défiler ainsi que dans un songe,
Les yeux à demi clos pour voir avec le cœur
Ce pays merveilleux qu'on nomme la Saintonge
Gâté par la nature et combien séducteur.
C'est le pays joyeux où la grive d'automne
Se grise de fruits d'or parmi les pampres roux,
Où le gai vendangeur sous la hotte chantonne
A l'appel des coupeurs qui boivent le vin doux.
C'est la Seugne dolente au long cours qui serpente
Et coule lentement au pied d'un vieux donjon
Et c'est aussi, là-bas, le doux fleuve Charente
Cette écharpe d'argent du beau pays santon !
Puis les murs écroulés d'où l'on voyait des
stalles,
Les gladiateurs casqués dans le Cirque Romain
Où le vaincu tombé attendait des Vestales
La grâce ou bien la mort d'un signe de leur main !
C'est l’île d'Oléron, c'est l’île lumineuse
Où le mimosa d'or fleurit malgré l'hiver
auprès des maisons blanches... C'est la grande
charmeuse
Où Loti, éternel voyageur de la mer
Oubliant pour toujours Madame chrysanthème
Chantre de Ramuntcho et chantre du soleil
Dans l'enclos des aïeux est revenu quand même
Reposer sous un myrte en un dernier sommeil !
C'est Royan qu'une fée surnomma la coquette,
Un écrin entrouvert sur le vaste océan,
Une vague à Vallières... le vol d'une mouette,
Un coucher de soleil sur le vieux Cordouan !
Et c'est aussi la terre à la liqueur divine
Où croît la Sainte Vigne au pays du Cognac
Et les hauts sapins verts d'où saigne la résine
Des gâs aux grands bérets des landes de Jonzac!
C'est un soir embaumé au bord de la Boutonne
Qui passe, langoureuse, entre ses peupliers
Et la Forêt d'Aulnay où quelque piqueur sonne
Du cor, pour rappeler ses chiens dans les halliers !
C'est le cadre enchanteur des rives de l'Antenne:
Matha et ses lavoirs auprès d'un vieux château
Où l'on mangeait, grillée à la mode ancienne,
L'anguille des graviers buffée par un chapeau!
C'est un conte de fée à l'abri des poternes
D'un manoir de légende, austère mais charmant,
Stalactites d'argent suspendues aux cavernes,
La Rochecourbon de la Belle au Bois Dormant !
C'est Brouage la Morte qui vit une princesse
Pleurant sur ses remparts un amour infini,
Dont les mâchicoulis ont connu la détresse
D'un cœur qui fut celui de Marie Mancini !
C'est Fouras... l’île d'Aix.. La fin des épopées...
La chute d'un empire et les aigles brisés,
Un conquérant trahi par le sort des épées
éditant sur la gloire et les lauriers passés !
C'est le pays sacré des mangeurs de chaudrée,
Des mangeurs de cagouilles, de mongettes aussi,
Des mangeurs de gratons et de la tantouillée
Que les gourmets fervents appellent gigouri l
C' est le pays béni où l'on sert les saucisses
Avec l’huître de claire arrosée de vin blanc,
Marennes réputées qui faites nos délices,
Huîtres de La Tremblade ou bien de Bourcefranc !
Les femmes de chez nous en coiffes de dentelles
Immenses cathédrales tissées en de longs soirs
Plus fines que ne sont de fines arentelles
Pendant quelques instants vont revenir nous voir ;
Evoquant devant vous quelques joies éphémères,
habillées, comme il sied, à la mode d'antan,
En les voyant tourner les danses des grands mère
Vous sourirez à ce rappel du "bon vieux temps".
Sourire... C'est déjà signe de bonne humeur
Qu'importe si la Muse en un méchant poème
Pour chanter la Saintonge a trahi son auteur
Ce soir mon cœur m'a dit de la chanter quand même !
Poème
de Goulebenéze (1942).
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Evariste Poitevin, dit Goulebenéze
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Marc
Henri Evariste POITEVIN, dit
"Goulebenéze" (littéralement : la
bouche bien aise) : barde charentais né à
Burie en 1877 et mort à Saintes en 1952 dans un
état voisin de la misère. Il écrivit des monologues
en vers ("Le biton", "La loterie
nationale", etc.) et en prose ("Hérodiade
aux arènes de Saintes", "Le pick-up",
"Le retardataire", etc.), ainsi que les
paroles de nombreuses chansons : "Le vin
blanc", "Avec les conseillers", etc.
qu'il interprétait lui-même avec beaucoup de talent.
Ses
vertus : Toute sa vie Goulebenéze fut fidèle à
l'idéal de sa jeunesse. Artiste, socialiste,
pacifiste et philantrope, il harmonisa ses paroles
et ses actes. Il y consacra son temps, il y sacrifia
sa fortune, il y subordonna son intelligence. Aussi,
on ne trouve rien dans son oeuvre qui tende à flatter
les puissants, les bourgeois, les riches. Son
génie : génie particulier, sans doute ; génie local
pourrait-on dire ; génie restreint, certes, mais
génie tout de même. Génie folklorique
comparable à celui d'un Frédéric Mistral ou d'un
Théodore Botrel, transcendant par la profondeur et
l'acuité de l'observation, par la subtilité des
nuances, par le lyrisme, même, ce lyrisme à la fois
lumineux et guilleret tel le philtre que Goulebenéze
puisa aux "fins bois" du sol natal. En
savoir plus :
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Le Patois Charentais
: l'art et la manière |
"Dans
ce vaste et plantureux pays qui se nommait jadis
l'Angoumois, l'Aunis, le Poitou et la Saintonge, vous
observerez peud e différences génériques de
langage, mais seulement des diversités de
prononciation et qui ne seront jamais assez tranchées
pour empêcher un paysan de l'une de ces provinces de
comprendre les paysans des autres provinces, ses
voisins" (Jérôme BUJEAUD, Chants et chansons
populaires des provinces de l'Ouest). On
observe donc une certaine unité du patois
poitevin-saintongeais, malgré quelques
différences de parlers locaux. Or, aujourd'hui,
l'intérêt pour ce patois renaît, un intérêt dont
témoigne de nombreux sites Internet, festivals ou
associations (dont avant tout la
S.E.F.C.O. : la Société d'Etudes Folkloriques du
Centre-Ouest).
(bientôt
en ligne : un petit lexique d'expressions patoises)
En
attendant :
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Dernière mise à jour : dimanche 10 juin 2001
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